En cette seconde moitié du dix-neuvième siècle,
le chocolat
est encore un produit rare.
Plaisir exotique et luxueux de quelques privilégiés, il
est aussi considéré pour ses propriétés roboratives,
voire aphrodisiaques. Mais il est surtout fréquemment frelaté
: des journaux rapportent qu'on trouve dans sa composition sulfate de
mercure et oxyde de plomb, huile d'amandes douces, graisse de veau et
de mouton...
Pour mettre l'or
noir
à la portée du plus grand nombre et offrir une marchandise
de qualité, Emile Menier entend maîtriser toute la
filière du cacao.
Il achète au Nicaragua une première plantation de cacaoyers, Valle-Menier
: 1500 hectares, puis une autre, San Emilio : 6000 hectares, et affrète
une flotte de navires qui assurent la navette entre l'Amérique Centrale
et la France, les soutes pleines des précieuses cabosses.
C'est pour transporter le cacao et le sucre de celui qu'on surnommera le Baron
Chocolat
que le riche armateur Crouan fera construire en 1896 le
Belem,
célèbre clipper trois mâts
qui tient son nom de son principal port d'attache au Brésil.
A l'usine de Noisiel, la
production passe en 1867 à 25000 tonnes par an pour 325 employés,
alors qu'elle n'était que de 130 tonnes par an pour 10 employés
en 1825.